Khâgne et Hypokhâgne : quelle est l’origine de ces termes ?

Associées à une grande renommée, les classes préparatoires littéraires, connues sous les noms de khâgne et hypokhâgne, tirent leur origine d’une source bien moins noble.

Ils remontent à la fin du XIXe siècle, peu après l’instauration des premières classes de rhétorique. À cette époque, les élèves de l’école militaire de Saint-Cyr cherchaient à tourner en dérision ces nouveaux étudiants littéraires qu’ils considéraient comme leurs rivaux.

En raison de leur grande pratique sportive, les saint-cyriens se moquaient de l’apparente absence d’aptitudes physiques des étudiants en littérature, les qualifiant de «cagneux», un terme qui faisait référence aux genoux tournés vers l’intérieur, supposément attribués à ceux qui passaient plus de temps à lire qu’à s’exercer physiquement.

Au fil du temps, ce surnom s’est répandu, et dans un geste d’autodérision, les étudiants en prépa littéraire se sont approprié le terme. Ils lui ont cependant apporté une touche savante en y ajoutant une orthographe évoquant le grec ancien, devenant ainsi «khâgne». Ce choix de mot visait à donner un air érudit et intellectuel à ce qui n’était, à l’origine, qu’une moquerie.

Peu après, une première année de préparation littéraire a été instituée et nommée «hypokhâgne», en référence au terme grec «hypo», qui signifie «en dessous», marquant ainsi le début du parcours avant l’entrée en khâgne.

Avec le temps, ces classes préparatoires sont devenues des symboles d’excellence académique, attirant des étudiants désireux de se plonger dans des études approfondies des lettres, de la philosophie et des langues anciennes. Paradoxalement, ce qui était à l’origine une boutade est devenu une véritable institution intellectuelle, faisant de khâgne et hypokhâgne des références respectées dans le paysage éducatif français.

Julien Verneuil